jouer de la guitare. On ne sait d’où cela vient, mais je suis certaine qu’ils arrivent par le coche de Misère du pays de Sans-Souci.
— D’où qu’ils viennent, Thérèse, ils sont malheureux, et leur grenier est froid.
— Pardi ! le toit est crevé en plusieurs endroits et la pluie du ciel y coule en rigoles. Ils n’ont ni meubles ni linge. L’ébéniste et le tisserand ne travaillent pas, je pense, pour des chrétiens de cette confrérie-là !
— Cela est fort triste, Thérèse, et voilà une chrétienne moins bien pourvue que ce païen d’Hamilcar. Que dit-elle ?
— Monsieur, je ne parle jamais à ces gens-là. Je ne sais ce qu’elle dit, ni ce qu’elle chante. Mais elle chante toute la journée. Je l’entends de l’escalier quand j’entre ou quand je sors.
— Eh bien ! l’héritier des Coccoz pourra dire comme l’œuf, dans la devinette villageoise : « Ma mère me fit en chantant. » Pareille chose advint à Henri IV. Quand Jeanne d’Albret se sentit prise des douleurs, elle se mit à chanter un vieux cantique béarnais :
Notre-Dame du bout du pont,
Venez à mon aide en cette heure !