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Page:Anatole France - Le crime de Sylvestre Bonnard, membre de l’Institut, 1849.djvu/43

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beau jour de printemps, la mère a disparu avec l’enfant, laissant meubles et hardes. On a trouvé dans son grenier trente-huit pots de pommade vides. Cela passe l’imagination. Elle recevait des visites, dans ces derniers temps, et vous pensez bien qu’elle n’est pas à cette heure dans un couvent de nonnes. La nièce de la concierge dit l’avoir rencontrée en calèche sur les boulevards. Je vous avais bien dit qu’elle finirait mal.

— Thérèse, répondis-je, cette jeune femme n’a fini ni en mal ni en bien. Attendez le terme de sa vie pour la juger. Et prenez garde de trop parler chez la concierge. Madame Coccoz, que j’ai aperçue une fois dans l’escalier, m’a semblé bien aimer son enfant. Cet amour doit lui être compté.

— Pour cela, monsieur, le petit ne manquait de rien. On n’en aurait pas trouvé dans tout le quartier un seul mieux gavé, mieux bichonné, et mieux léché que lui. Elle lui met une bavette blanche tous les jours que Dieu fait, et lui chante du matin au soir des chansons qui le font rire.

— Thérèse, un poète a dit : « L’enfant à qui