Page:Anatole France - Les Contes de Jacques Tournebroche.djvu/102

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curieusement. Et ledict ouvrage estoit d’vn bel artifice et en semblance de nature. Et nulz, s’ilz estoient en la chaulde saison de leur vie, n’y pouuoient ietter vn regard sans estre incitéz tout aussitost à férir et à meurtrir de poures innocentes gents pour le seul plaisir de porter vn tel riche harnois et de cheuaucher de telz légiers cheuaux comme faisoient ces bons couillons dans leur battaille, car l’vsage des cheuaux et des armes est plaisant aux iouuenceaux. L’auoit esprouué ledict Philémon. Et disoit que depuis lors se détournoit par vsage et raison de telz pourtraicts de guerres et qu’il détestoit trop les cruelletés pour les souffrir seulement feinctes et contrefaictes.

Et souloit dire qu’vn prud’homme honneste et saige debuoit estre grandement offensé et escandalisé de ces armures et pauois terrificques et de cette engeance que Homerus nomme Corythaiole pour l’espouuantable laideur de leur morion, et que les ymaiges d’iceulx soudards estoient vrayement deshonnestes, pour contraires aux bonnes et paisibles mœurs ; impudicques, n’ayant rien au monde de plus