Page:Anatole France - Les Contes de Jacques Tournebroche.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


En entendant cette parole, les deux bouviers se regardèrent l’un l’autre avec colère, et Thoas dit à Peiros :

— Il faut que tu aies fait boire au maître un breuvage qui rend insensé pour qu’il dise à présent que tu es meilleur que moi dans la lutte.

Et Peiros irrité répondit à Thoas :

— Je me flatte de te vaincre à la lutte. Quant à la course, je t’en laisse le prix, que le maître t’a donné. Car il n’est pas surprenant qu’ayant le cœur d’un cerf tu en aies aussi les pieds.

Mais le sage Oineus apaisa la querelle des bouviers. Il conta des fables ingénieuses où paraissaient les dangers des rixes dans les banquets. Et, comme il parlait bien, il fut approuvé. Le calme s’étant rétabli, Mégès dit au Vieillard :

— Chante-nous, ami, la colère d’Achille et l’assemblée des rois.

Et le Vieillard, ayant accordé sa lyre, poussa dans l’air épais de la salle les grands éclats de sa voix.

Un souffle puissant s’exhalait de sa poitrine,