Page:Anatole France - Les Contes de Jacques Tournebroche.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et en rimes, pour la consolation des affligés. C’est œuvre pie. Regardez à cela, madame, et ne considérez point ses péchés. Donnez-lui à manger. Ce sera très profitable à moi, et à vous très honorable, car le miracle ne semblera pas médiocre à quiconque connaît le monde. Vous avez reçu, ce jour, de l’or, des œufs, des fromages et une petite bourse bleue, brodée d’argent. Je ne vous envie, madame, aucun des dons qui vous ont été faits. Vous les méritez bien, et vous en méritez davantage. Je ne vous demande même pas de me faire rendre ce que m’a pris un voleur, nommé Jacquet Coquedouille, qui est un des citoyens les plus honorés de votre ville du Puy. Non, tout ce que je vous demande est de ne pas me laisser mourir de faim. Et si vous m’accordez cette faveur, je composerai une ample et belle histoire de votre sainte image ici présente.

Ainsi pria Florent Guillaume. Au souffle léger de sa prière répondit seul le souffle paisible et profond du gardien endormi. Le pauvre écrivain se leva, traversa la nef sans bruit, car il était devenu si léger qu’on ne