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» L’appareilleuse connaissait, pour les avoir vues à la messe, cinq dames d’une grande beauté, une Picarde, une Poitevine, une Tourangelle, une Lyonnaise et une Parisienne, qui logeaient en l’Île ou aux environs. Elle frappa d’abord à l’huis de la Picarde. Une servante lui ouvrit la porte, mais la dame refusa de parler à la visiteuse. Elle était honnête.

» L’appareilleuse alla ensuite chez la dame de Poitiers et la sollicita en faveur du beau cavalier. Cette dame lui répondit :

» — Faites savoir, je vous prie, à celui qui vous envoie, qu’il s’est trompé d’adresse, et que je ne suis pas la femme qu’il croit.

» Cette Poitevine est honnête ; mais elle l’est moins que la première, pour avoir voulu le paraître davantage.

» L’appareilleuse se rendit alors chez la dame de Tours, lui tint le même langage qu’à la précédente et lui montra l’anneau.

» — À la vérité, dit la Tourangelle, cette bague est belle.

» — Elle est à vous si vous la voulez.