Page:Anatole France - Les Désirs de Jean Servien.djvu/103

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arbre, voici M. Jean Servien ! »

C’était le marquis Tudesco qui parlait ainsi. Il n’avait plus son gilet rouge ; il portait à la place une sorte de camisole en toile à matelas, mais sur son lumineux visage aux petits yeux ronds et au nez aquilin, il gardait une gaieté malicieuse de vieux perroquet.

Jean, surpris et content après tout de le revoir, lui demanda affectueusement ce qu’il devenait.

— « Hé ! vous le voyez, répondit le marquis ; je distribue aux passants la carte d’un empoisonneur du quartier, et par là je mérite de ne point manquer de la vénéneuse cuisine à la gloire de laquelle je travaille. Camoëns tendit la main dans les rues de Lisbonne. Tudesco tend les siennes sur le pavé de la moderne Babylone, mais c’est pour donner et non pour recevoir : déjeuners à 1 fr. 25 ; dîners à 1 fr. 75. »