Page:Anatole France - Les Désirs de Jean Servien.djvu/143

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dissipée, il tomba dans un grand abattement. Il se dit que tout était perdu. Il comprit que la grille tapissée de vigne vierge et de lierre, cette grille ouverte à plus d’un, lui était fermée par cette main capricieuse et facile mieux et plus impitoyablement qu’elle n’eût pu l’être par les verrous et les clefs d’une femme chaste. Il devinait que son baiser n’avait pas mis de frisson dans cette chair, et qu’il n’avait pas su mordre sur cette créature.

Il ne savait plus ce qu’il avait dit, mais il savait bien qu’il avait parlé dans la grande sincérité de son âme. Il avait montré son ignorance et sa méprisable candeur. La chose irréparable était faite. Pouvait-on être plus malheureux ? Il avait perdu jusqu’à l’avantage d’être inconnu d’elle.

Bien qu’il n’eût point d’orgueil, il rejeta sur le sort les insuffisances de sa nature. Ainsi donc, songeait-il, il était