Page:Anatole France - Les Désirs de Jean Servien.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

autre. Il y était tant de fois venu ! La forme des portes, la couleur des boutiques, les lettres des enseignes, tout lui en était familier ; il n’y avait pas jusqu’à la sonnette de nuit du pharmacien qui ne lui fût un souvenir et ne l’émût. Le pas des deux hommes retentissait dans le silence. M. Bargemont se retourna. Il fit quelques pas encore et sonna à une porte. Jean Servien l’avait rejoint. Il était là aussi devant la porte. C’était celle qu’il avait embrassée dans une nuit de désespoir, c’était celle de Gabrielle. La porte s’ouvrit. Jean fit un pas et M. Bargemont, entrant le premier, la laissa ouverte, pensant que ce garde national était un locataire qui rentrait. Jean se coula dans l’escalier noir et monta deux étages. M. Bargemont sonnait au troisième palier. On ouvrit. Jean entendit la voix de Gabrielle :

— « Comme tu viens tard, mon cher ;