Page:Anatole France - Les Désirs de Jean Servien.djvu/233

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de me rendre compte de son travail ; parce que, tout ignorant qu’on est, on voit bien, avec un peu d’instinct, ce qui est fait proprement et ce qui est galopé. Hé bien ! monsieur Garneret, je fus effrayé de trouver dans ses devoirs tant de pensées exaltées ; il y en avait de très belles, sans doute ; et j’ai recopié sur un papier celles qui m’ont le plus frappé. Mais je me disais : Tous ces discours, toutes ces histoires, prises dans les livres des anciens Romains, vont mettre en effervescence la tête de ce garçon, et il ne saura jamais la vérité des choses. J’avais raison, mon bon monsieur Garneret : et c’est le collège, voyez-vous, qui l’a rendu amoureux d’une tragédienne… »

Jean Servien se souleva sur son lit.

— « C’est toi, Garneret ? Je suis bien content de te voir. »

Puis il tendit l’oreille.

— « Qu’est-ce qu’on entend donc ? »