Page:Anatole France - Les Désirs de Jean Servien.djvu/237

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bonté. Il tenait sa main droite étendue sur la tête d’un petit garçon et lui adressait ce discours :

— « Jeune citoyen, orgueil de ta mère, ornement des promenades publiques, espoir de la Commune, je t’adresse les paroles du proscrit et je dis : Jeune citoyen, le 18 mars t’a sauvé de l’esclavage. Tu graveras dans ton cœur cette date immortelle.

« Je dis : Nous avons souffert et combattu pour toi. Fils des désespérés, tu seras un homme libre ! »

Ayant ainsi parlé, il remit l’enfant à sa mère et sourit aux citoyennes qui admiraient son éloquence, sa ceinture rouge, ses galons d’or et sa verte vieillesse.

Bien qu’il fût trois heures de l’après-midi, il n’avait pas bu plus que sa capacité, et il marchait en maître, sur le sable des allées, au milieu du peuple.

Jean alla au-devant de lui. Jean avait