Page:Anatole France - Les Désirs de Jean Servien.djvu/246

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le fiacre s’éloignait avec ses deux portières armées de baïonnettes. Et les passants, que rien n’étonnait plus, le suivaient de l’œil un moment.

Jean, resté seul en face du portrait de Mme Bargemont, se demandait pourquoi l’inquiétant Tudesco le lui avait envoyé.

— « Le malheureux, se disait-il, aura arrêté Bargemont et pillé son appartement. »

Mme Bargemont le regardait avec ses vilains yeux de victime. Elle avait l’air si malheureux que Jean fut pris de pitié.

— « La pauvre femme ! » dit-il.

Il retourna la toile contre le mur, et sortit.

Le relieur revenu à son établi eut, bien que nullement curieux, l’idée de regarder ce grand tableau qui encombrait la boutique. Il imagina, en se grattant la tête, que ce pouvait bien être la tragédienne aimée de son fils. Il songea qu’il