Page:Anatole France - Les Désirs de Jean Servien.djvu/250

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Cette dame est aussi triste que M. Jean Servien. Ils sont tous deux victimes de l’infâme Bargemont ; je les réunirai et ils se consoleront. Monsieur Servien, goûtez-moi ce cognac ; il vient de la cave de votre odieux rival. »

Il versa l’eau-de-vie dans deux grands verres et dit en riant :

— « Le cognac d’un ennemi sent bon. »

Puis il retomba sur le canapé en murmurant :

— « Le repos du soldat… »

Il était cramoisi. Jean haussa les épaules et sortit. Il avait à peine ouvert la porte que le vieillard poussa des hurlements dans son sommeil : « Au secours ! au secours ! on me tue. »

Jean Servien vit aussitôt les fédérés de garde se jeter sur lui ; il sentit des canons de revolver sur ses tempes et entendit les fusils qui partaient seuls dans l’antichambre.