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Page:Anatole France - Les Désirs de Jean Servien.djvu/41

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longtemps son neveu chaque dimanche à la messe, elle n’était pas dévote. Probablement elle confondait dans une commune haine le luxe des riches et les pompes du culte. On l’avait plus d’une fois entendue sur les bancs des boulevards déclarer à quelque invalide qu’elle avait de la religion, mais qu’elle n’aimait pas les prêtres, qu’elle priait Dieu chez elle et que ses prières valaient bien celles qu’on faisait dans les églises en étalant des crinolines. Le père s’associait mieux à la nouvelle humeur de l’enfant. Il se sentait intéressé et presque ému. Il tenait à relier lui-même un livre de messe pour la cérémonie.

Quand vinrent les jours de retraites et de confessions générales, Jean s’enfla d’un vague orgueil. Il attendait quelque chose d’extraordinaire. Le soir, en sortant de Saint-Sulpice, avec deux ou trois de ses camarades, il se sentait enveloppé