Page:Anatole France - Les Désirs de Jean Servien.djvu/73

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joux, les étoffes, les bronzes, les photographies de femmes, les mille choses dont les caprices frivoles lui semblaient les formes nécessaires du bonheur.

Entré en philosophie, il eut son premier chapeau de haute forme et il fuma des cigarettes, en compagnie. Son esprit avait quelque chose de brillant et de fin qui amusait ses camarades. Il leur était supérieur par l’imagination.

Ses dernières vacances se passèrent d’une façon tolérable. Son père, le trouvant un peu pâle, l’envoya au village chez des parents chartrains. Jean, après les longs dîners de la ferme, allait s’asseoir sous un arbre, et lisait un roman. Parfois il allait à la ville dans la voiture du meunier. Souvent il recevait le long de la route la pluie qui tombait tristement à la tombée du jour. Puis il avait le plaisir de se sécher à la grande cheminée d’une auberge du faubourg, devant le tourne-