Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/100

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et je ne sais ce qu’il faut admirer le plus à cette heure de l’impudence des gouvernants ou de la patience des peuples.

Le secrétaire se plaignit alors que M. l’abbé Coignard méconnût les bienfaits de la royauté et M. Blaizot nous représenta qu’il n’était pas séant de disputer des affaires publiques dans l’échoppe d’un libraire.

Quand nous fûmes dehors, je tirai mon bon maître par la manche.

— Monsieur l’abbé, lui dis-je, avez-vous donc oublié la vieille de Syracuse, que vous voulez maintenant changer le tyran ?

— Tournebroche, mon fils, me répondit-il, j’en conviens de bonne grâce, je suis tombé dans la contradiction. Mais cette ambiguïté que vous relevez justement dans mes discours n’est pas aussi maligne que celle nommée antinomie par les philosophes. Charron, dans son livre de la Sagesse, affirme qu’il existe des antinomies qu’on ne peut résoudre. Pour ma part, à