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V

LES ŒUFS DE PÂQUES


Mon père était rôtisseur dans la rue Saint-Jacques, vis-à-vis de Saint-Benoît-le-Bétourné. Je ne vous dirai pas qu’il aimât le carême ; ce sentiment n’eût point été naturel chez un rôtisseur. Mais il en observait les jeûnes et abstinences en bon chrétien qu’il était. Faute d’argent pour acheter des dispenses à l’archevêché, il soupait de merluche aux jours maigres, avec sa femme, son fils, son chien et ses hôtes ordinaires, dont le plus assidu était mon bon maître, M. l’abbé Jérôme Coignard. Ma sainte mère n’eût point souffert que Miraut, notre gardien, rongeât