Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/112

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Sur cette idée les païens ont imaginé des fables très philosophiques. Mais que d’œufs aussi chrétiens sous leur pourpre antique, que ceux que nous venons de manger, s’échappe une telle volée d’impiétés sauvages, c’est ce dont je demeure confondu.

M. Nicolas Cerise regarda mon bon maître d’un œil clignotant et lui dit avec un rire mince :

— Monsieur l’abbé Coignard, ces œufs, dont les coquilles teintes de betterave jonchent le plancher sous nos pieds, ne sont point, dans leur essence, aussi chrétiens et catholiques qu’il vous plaît de le croire. Les œufs de Pâques sont, au contraire, d’origine païenne et rappellent, au moment de l’équinoxe de printemps, l’éclosion mystérieuse de la vie. C’est un vieux symbole qui s’est conservé dans la religion chrétienne.

— On peut soutenir tout aussi raisonnablement, dit mon bon maître, que c’est un symbole de la résurrection du Christ. Pour