Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/135

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de belles maximes, même dans des ouvrages de théâtre. Ce que le poète dit en ces huit vers des consuls de la République romaine s’applique également aux ministres des démocraties, dont le pouvoir est précaire.

» Ils sont faibles, mon fils, parce qu’ils dépendent d’une assemblée populaire incapable également des vues grandes et profondes d’un politique et de l’imbécillité innocente d’un roi fainéant. Les ministres ne sont grands que s’ils secondent, comme Sully, un prince intelligent ou s’ils tiennent, comme Richelieu, la place du monarque. Et qui ne sent que le Démos n’aura ni la prudence obstinée d’un Henri IV, ni l’inertie favorable d’un Louis XIII ? À supposer qu’il sache ce qu’il veut, il ne saura ni comment sa volonté doit être faite ni seulement si elle est faisable. Commandant mal, il sera mal obéi et se croira toujours trahi. Les députés qu’il enverra à ses états généraux entretiendront par d’ingénieux mensonges ses illusions jusqu’au moment de