Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/144

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M. l’échevin qui s’occupe des écoles me répondit poliment au bout d’un an, que le danger que couraient les petits gars de la rue Saint-Jacques éveillait toute sa sollicitude, et qu’il était jaloux de le conjurer ; qu’en conséquence, il envoyait aux écoliers ci-dessus désignés une pompe à incendie. « Le roi, ajoutait-il, ayant, dans sa bonté, construit une fontaine en commémoration de ses victoires à deux cents pas de l’école, l’eau ne saurait manquer, et les enfants apprendront en peu de jours à manier la pompe que la Ville consent à leur octroyer. » En lisant cette lettre, je sautai au plafond. Et, retournant au Val-de-Grâce, je dictai au secrétaire une réponse qui était tournée comme ceci :

« Monseigneur l’Édile, Monseigneur, il y a dans la maison d’école de la rue Saint-Jacques deux cents marmots dont le plus ancien est âgé de sept ans. Voilà de beaux pompiers, Monseigneur, pour faire jouer votre pompe ! Reprenez-la et faites bâtir