Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/170

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que je ne veuille point être non plus La Tulipe ou Brin-d’Amour. Et je ne vous cache pas, mon fils, que le service militaire me paraît la plus effroyable peste des nations policées.

» Ce sentiment est philosophique. Il n’y a donc aucune apparence qu’il soit jamais partagé par un grand nombre de personnes. Et, dans le fait, les rois et les républiques trouveront toujours autant de soldats qu’ils en voudront mettre à leurs parades et à leurs guerres. J’ai lu les traités de Machiavel chez M. Blaizot, à l’Image-Sainte-Catherine, où ils sont tous parfaitement reliés en parchemin. Ils le méritent, mon fils ; et, pour ma part, j’estime infiniment le secrétaire florentin qui le premier ôta aux actions des politiques ce fondement de la justice, sur lequel ils n’établirent jamais que des scélératesses honorées. Ce Florentin, qui voyait sa patrie à la merci de ses défenseurs mercenaires, conçut l’idée d’une armée nationale et patriote. Il a dit en quelque endroit de ses