Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/199

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fait quand il n’a mécontenté personne et met tout son devoir à soutenir sa fortune. Ce n’est donc pas son grand cœur qui lui a valu les suffrages des illustres protégés du roi[1]. Ce n’est pas non plus son bel esprit. Car hors ce panégyrique de saint Maclou qu’il n’eut (tout le monde le sait) que la peine de lire, ce paisible évêque n’a fait entendre que les tristes mandements de ses vicaires. Il ne se recommandait que par l’aménité de son langage et par la politesse de son commerce. Sont-ce là des titres suffisants pour l’immortalité ?

— Tournebroche, répondit obligeamment M. l’abbé Coignard, vous pensez avec cette simplicité que madame votre mère vous donna avec le jour, et je vois que vous garderez longtemps votre candeur native. Je vous en fais mon compliment. Mais il ne faudrait pas que l’innocence vous rendît injuste : il suffit qu’elle vous laisse

  1. Le roi était protecteur de l’Académie.