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plus un autre Rabelais, un autre Montaigne, tout puant la canaille, la cuistrerie ou la province. On assembla à cet effet des gentilshommes qui savaient le bon usage et des écrivains qui avaient intérêt à le connaître. Cela fit craindre que la compagnie ne réformât tyranniquement la langue française. Mais on vit bientôt que ces craintes étaient vaines et que les académistes obéissaient à l’usage, bien loin de l’imposer. Malgré leur défense, on continua à dire comme devant : « Je ferme ma porte[1] ».

« La compagnie se résigna vite à consigner dans un gros dictionnaire les progrès de l’usage. C’est l’unique soin des Immortels[2].

  1. Il est exact que l’Académie condamna cette locution.


    Je dis que la coutume, assez souvent trop forte,
    Fait dire improprement que l’on ferme la porte.
    L’usage tous les jours autorise des mots
    Dont on se sert pourtant assez mal à propos.
    Pour avoir moins de froid à la fin de décembre
    On va pousser la porte et l’on ferme sa chambre.

    (Saint-Évremont, les Académiciens.)
  2. L’Académie, en ce temps-là, ne faisait point de distribution de prix.