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gazettes de son pays[1]. Mon bon maître se laissa choir, à son habitude, sur un escabeau, puis levant les yeux sur l’échelle où M. Rockstrong se démenait avec cette agilité d’écureuil qu’il a gardée au déclin de l’âge :

— Dieu merci ! dit-il, je vois, monsieur le rebelle, que vous vous portez bien et que vous êtes toujours jeune.

M. Rockstrong tourna vers mon bon maître des yeux ardents qui éclairaient un visage bilieux.

— Pourquoi, demanda-t-il, gros abbé, m’appelez-vous rebelle ?

— Je vous appelle rebelle, monsieur Rockstrong, parce que vous n’avez pas réussi. On est rebelle quand on est vaincu. Les victorieux ne sont jamais rebelles.

— L’abbé, vous parlez avec un cynisme dégoûtant.

  1. Je n’ai pas trouvé mention de ce M. Rockstrong dans les mémoires relatifs à l’attentat de Monmouth. (Note de l’éditeur.)