Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/260

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montait à moins de quinze jours. Sur leur rapport, Hélène Gillet fut mise en prison et interrogée par les juges du présidial. Elle leur fit des aveux :

— Il y a quelques mois, leur dit-elle, un jeune homme, d’un lieu voisin, demeurant au logis de mon oncle, venait chez mon père pour apprendre à lire et à écrire aux garçons. Une fois seulement il me connut. Ce fut par le moyen d’une servante qui m’enferma dans une chambre avec lui. Là, il me prit de force.

Et, comme on lui demanda pourquoi elle n’avait pas appelé au secours, elle répondit que la surprise lui avait ôté la voix. Pressée par les juges, elle ajouta qu’à la suite de cette violence elle devint grosse et fut délivrée avant terme. Loin d’avoir contribué à cette délivrance, elle l’eût ignorée, disait-elle, sans une servante qui lui révéla la vraie nature de cet accident.

Les magistrats, mal satisfaits de ses réponses, ne savaient toutefois comment y