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XXII

LA JUSTICE (Suite et fin).


Mon bon maître regarda tristement couler l’eau comme l’image de ce monde où tout passe et rien ne change.

Il demeura quelque temps songeur et reprit d’une voix plus basse :

— Cela seul, mon fils, me cause un insurmontable embarras, qu’il faille que ce soit les juges qui rendent la justice. Il est clair qu’ils ont intérêt à déclarer coupable celui qu’ils ont d’abord soupçonné. L’esprit de corps, si puissant chez eux, les y porte ; aussi voit-on que dans toute leur procédure, ils écartent la défense