Page:Anatole France - Les Opinions de Jérôme Coignard.djvu/66

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monsieur Jérôme, dit-elle, promettez-moi de m’accorder la grâce que je vais vous demander, et dont je vous serai reconnaissante.

Mon bon maître promit. Qui n’en eût fait autant à sa place ?

Catherine lui dit alors avec vivacité :

— Vous savez, monsieur Jérôme, que l’abbé La Perruque, vicaire à Saint-Benoît, accuse frère Ange de lui avoir volé son âne, et qu’il en a fait une plainte à l’official. Or, rien n’est plus faux. Ce bon frère avait emprunté l’âne pour porter des reliques dans les villages. L’âne s’est perdu en chemin. Les reliques ont été retrouvées. C’est l’essentiel, comme dit frère Ange. Mais l’abbé La Perruque réclame son âne et ne veut rien entendre. Il fera mettre le petit frère dans les prisons de l’archevêque. Vous seul pouvez fléchir sa colère et l’amener à retirer sa plainte.

— Mais, mademoiselle, dit l’abbé Coignard, je n’en ai ni le pouvoir ni l’envie.

— Oh ! reprit Catherine, en se glissant