Page:Anatole France - Les Sept Femmes de la Barbe-Bleue.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tent de lui. Dans cet équipage Maxime se présenta au roi Berlu, qui agréa ses services. Il devint en peu de jours un des plus grands capitaines de Vervignole.

Cependant Sulpice donnait au saint évêque des sujets d’inquiétude plus cruels peut-être et certainement plus graves ; car si Maxime péchait grièvement, il péchait sans malice et offensait Dieu sans y prendre garde et, pour ainsi dire, sans le savoir. Sulpice mettait à mal faire une plus grande et plus étrange malice. Se destinant dès l’enfance à l’état ecclésiastique, il étudiait assidument les lettres sacrées et profanes ; mais son âme était un vase corrompu où la vérité se tournait en erreur. Il péchait en esprit ; il errait en matière de foi avec une précocité surprenante ; à l’âge où l’on n’a pas encore d’idées, il abondait en idées fausses. Une pensée lui vint, suggérée sans doute par le diable. Il réunit dans une prairie appartenant à l’évêque une multitude