Page:Anatole France - Les Sept Femmes de la Barbe-Bleue.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contre eux le peuple qui les tuerait comme des chiens en les voyant profaner, violer, dérober les images miraculeuses et les saintes reliques. Ils montrèrent en souriant les sergents qui les gardaient. Le roi Berlu les protégeait parce qu’ils lui prêtaient de l’argent.

À cette vue, le saint évêque, reconnaissant que la résistance devenait rébellion et se rappelant Celui qui recolla l’oreille de Malchus, resta inerte et muet, et des larmes amères roulèrent de ses yeux. Séligmann, Issachar et Meyer enlevèrent les châsses d’or ornées de pierreries, d’émaux et de cabochons, les reliquaires en forme de coupe, de lanterne, de nef, de tour, les autels portatifs en albâtre encadré d’or et d’argent, les coffrets émaillés par les habiles ouvriers de Limoges et du Rhin, les croix d’autel, les évangéliaires recouverts d’ivoire sculpté et de camées antiques, les peignes liturgiques ornés de festons de pampres, les diptyques consulaires,