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histoire

moindre exagération qu’« il n’y a point dans les couvents d’austérités pareilles à celles auxquelles l’étiquette de la Cour assujettit les grands ». Conformément au royal vouloir de son souverain, le duc des Hoisons, grand maître des cérémonies, s’était refusé à prier la fée Alcuine, à qui manquait un quartier de noblesse pour être admise à la Cour. Aux ministres d’État représentant qu’il était de la plus grande importance de ménager cette fée vindicative et puissante, dont on se faisait une ennemie dangereuse en l’excluant des fêtes, le roi avait répondu péremptoirement qu’il ne saurait l’inviter puisqu’elle n’était pas née.

Ce malheureux monarque, plus encore que ses prédécesseurs, était esclave de l’étiquette. Son obstination à soumettre les plus grands intérêts et les devoirs les plus pressants aux moindres exigences d’un cérémonial suranné a plus d’une fois causé à la monarchie de graves dommages et fait courir au royaume de redoutables périls. De tous ces périls et