Page:Anatole France - Les Sept Femmes de la Barbe-Bleue.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et que Rodrigue voyageait avec une rapidité prodigieuse. Mais rien ne pouvait calmer l’impatience du malade.

— Il ne viendra pas, soupirait-il ; vous verrez qu’il ne viendra pas !

Une dépêche arriva de Gênes, annonçant que Rodrigue prenait passage à bord du Preussen. Trois jours après, le docteur mondial, après avoir fait à ses collègues Saumon et Machellier une visite de déférence insolente, se présenta au palais.

Il était plus jeune et plus beau que le docteur Saumon, avec un air plus fier et plus noble. Par respect pour la nature, à laquelle il obéissait en toutes choses, il laissait croître ses cheveux et sa barbe et ressemblait à ces philosophes antiques que la Grèce a figurés dans le marbre.

Ayant examiné le roi :

— Sire, dit-il, les médecins, qui parlent des maladies comme les aveugles des couleurs, disent que vous avez une neu-