Page:Anatole France - Les Sept Femmes de la Barbe-Bleue.djvu/200

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expire et opère des échanges incessants avec le milieu où elle est placée.

— C’est le remède que vous m’ordonnez, monsieur Rodrigue ?

— Sire, on n’en saurait ordonner de plus rationnel. Je ne trouve rien dans le codex qui le puisse remplacer. Ignorant la nature, incapables de l’imiter, nos potards ne fabriquent dans leurs officines qu’un petit nombre de médicaments, toujours redoutables et non pas toujours efficaces. Les médicament que nous ne savons pas faire, il faut bien les prendre tout faits, comme les sangsues, le climat de la montagne, l’air de la mer, les eaux thermales naturelles, le lait d’ânesse, la peau de chat sauvage et les humeurs exsudées par un homme heureux… Ne savez-vous donc pas qu’une pomme de terre crue qu’on porte dans sa poche ôte les douleurs rhumatismales ? Vous ne voulez pas d’un remède naturel ; il vous faut des remèdes artificiels ou chimiques, des drogues ; il vous