Page:Anatole France - Les Sept Femmes de la Barbe-Bleue.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
10
les sept femmes

ments en bosse, de peintures et de dorures.

À l’une des extrémités de cette galerie se trouvait un cabinet que l’on appelait ordinairement « le petit cabinet » C’est le seul nom dont Charles Perrault le désigne. Il n’est pas inutile de savoir qu’on le nommait aussi le cabinet des princesses infortunées, parce qu’un peintre de Florence avait représenté sur les murs les tragiques histoires de Dircé, fille du Soleil, attachée par les fils d’Antiope aux cornes d’un taureau ; de Niobé pleurant sur le mont Sipyle ses enfants percés de flèches divines ; de Procris appelant sur son sein le javelot de Céphalé. Ces figures paraissaient vivantes, et les dalles de porphyre dont la chambre était pavée semblaient teintes du sang de ces malheureuses femmes. Une des portes de ce cabinet donnait sur la douve, qui n’avait point d’eau.

Les écuries formaient un bâtiment somptueux, situé à quelque distance du château.