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de Sigismond Dux et poussa un grand cri.

— Le voilà, celui que nous cherchons ! le voilà, l’homme heureux !

Le buste, très ressemblant, offrait des traits réguliers et nobles, une de ces figures harmonieuses et pleines, qui ont l’air d’un globe du monde. Bien que très chauve et déjà vieux, le grand compositeur y paraissait aussi charmant que magnifique. Son crâne s’arrondissait comme un dôme d’église, mais son nez un peu gros se plantait au-dessous avec une robustesse amoureuse et profane ; une barbe, coupée aux ciseaux, ne dissimulait pas des lèvres charnues, une bouche aphrodisiaque et bachique. Et c’était bien l’image de ce génie qui compose les oratorios les plus pieux, la musique de théâtre la plus passionnée et la plus sensuelle.

— Comment, poursuivit Saint-Sylvain, n’avons-nous pas pensé à Sigismond Dux qui jouit si pleinement de son immense gloire,