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fraises des bois ou le fruit amer et sucré du cerisier des oiseaux. Il était toujours prêt à donner un coup d’épaule aux charrois embourbés et aidait à rentrer les foins quand le temps menaçait. Sans se fatiguer, il en faisait plus qu’un autre. Sa force et son agilité étaient extraordinaires. Il brisait de ses mains la mâchoire d’un loup, attrapait un lièvre à la course et grimpait aux arbres comme un chat. Il faisait pour amuser les enfants des flûtes de roseau, des petits moulins à vent et des fontaines d’Hiéron.

Quatrefeuilles et Saint-Sylvain entendaient souvent dire, dans le village : « Heureux comme Mousque. » Ce proverbe frappa leur esprit et un jour, passant sous le grand platane creux, ils virent Mousque qui jouait avec un jeune mopse et paraissait aussi content que le chien. Ils s’avisèrent de lui demander s’il était heureux.

Mousque ne put répondre, faute d’avoir réfléchi sur le bonheur. Ils lui apprirent en