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XX

Évariste Gamelin, pendant une longue audience du tribunal, à son banc, dans l’air chaud, ferme les yeux et pense :

« Les méchants, en forçant Marat à se cacher dans les trous, en avaient fait un oiseau de nuit, l’oiseau de Minerve, dont l’œil perçait les conspirateurs dans les ténèbres où ils se dissimulaient. Maintenant, c’est un regard bleu, froid, tranquille, qui pénètre les ennemis de l’État et dénonce les traîtres avec une subtilité inconnue même à l’Ami du peuple, endormi pour toujours dans le jardin des Cordeliers. Le nouveau sauveur, aussi zélé et plus perspicace que le premier, voit ce que personne n’avait vu et son doigt levé répand la terreur. Il distingue