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LES DIEUX ONT SOIF

t’ouvrir moi-même la porte, je te cacherai dans le grenier.

— Tu me reverras triomphant, ou tu ne me reverras plus. Adieu !

En approchant de l’Hôtel de Ville, il entendit monter vers le ciel lourd la rumeur des grands jours. Sur la place de Grève, un tumulte d’armes, un flamboiement d’écharpes et d’uniformes, les canons d’Hanriot en batterie. Il gravit l’escalier d’honneur et, en entrant dans la salle du conseil, signe la feuille de présence. Le conseil général de la Commune, à l’unanimité des 491 membres présents, se déclare pour les proscrits.

Le maire se fait apporter la table des Droits de l’homme, lit l’article où il est dit : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple le plus saint et le plus indispensable des devoirs », et le premier magistrat de Paris déclare qu’au coup d’État de la Convention la Commune oppose l’insurrection populaire.

Les membres du conseil général font serment de mourir à leur poste. Deux officiers municipaux sont chargés de se rendre sur la place de Grève et d’inviter le peuple à se joindre à ses magistrats afin de sauver la patrie et la liberté.

On se cherche, on échange des nouvelles, on donne des avis. Parmi ces magistrats, peu d’artisans. La Commune réunie là est telle que