Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/113

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et cette ligue ayant voté une adresse au Roi, il commençait à croire qu’elle n’était pas républicaine, et il n’était plus tranquille sur les principes. Quant au fait, ayant la pratique des textes et n’étant point incapable de conduire son esprit dans des recherches critiques d’une difficulté médiocre, il éprouvait quelque embarras à soutenir le système de ces faussaires qui, pour la perte d’un innocent, déployèrent, dans la fabrication et la falsification des pièces, une audace inconnue jusqu’alors. Il se sentait environné d’impostures. Pourtant il ne reconnaissait pas qu’il s’était trompé. Un tel aveu n’est possible qu’aux esprits d’une qualité particulière. M. Mazure soutenait au contraire qu’il avait raison. Et il est juste de reconnaître qu’il était maintenu, serré, pressé, comprimé dans l’ignorance par la masse compacte de ses concitoyens. La connaissance de l’enquête et la discussion des documents n’avaient point pénétré dans cette ville mol-