Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/147

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et sa jeunesse épaisse. Des drapeaux aux trois couleurs, fleurdelisés, entouraient cette image. Aux angles de la pièce se déployaient des bannières sur lesquelles des dames vendéennes et des dames bretonnes avaient brodé des lis d’or et des devises royalistes. Sur le panneau du fond, des sabres de cavalerie avec une banderole de carton portant ce cri : « Vive l’armée ! » Au-dessous, piquée avec des épingles, une caricature de Joseph Reinach en gorille. Un cartonnier et un coffre-fort composaient, avec un canapé, quatre chaises et le bureau de bois noir, tout le meuble de cette pièce à la fois intime et administrative. Des brochures de propagande s’entassaient par ballots au pied des murs. Debout contre la cheminée, Joseph Lacrisse, secrétaire du Comité départemental de la Jeunesse royaliste, compulsait silencieusement la liste des affiliés. À cheval sur une chaise, le regard fixe et le front plissé, Henri Léon, vice-président des Comités roya-