Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/149

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de Brécé. Et l’opinion est plus que jamais avec nous depuis que le gouvernement est impopulaire.

— Ce n’est plus la même chose. Avec Méline nous étions officieux, nous étions gouvernementaux, nous étions conservateurs. C’était une situation admirable pour conspirer. Ne vous y trompez pas : le Français, pris en masse, est conservateur. Il est casanier. Les déménagements l’effraient. Méline nous avait rendu ce service immense de nous donner l’air rassurant, de nous faire bénins, bénins, aussi bénins que lui. Il disait que c’était nous les républicains, et les populations le croyaient. À voir sa mine, on ne pouvait pas le soupçonner de plaisanter. Il nous avait fait accepter par l’opinion. Le service n’est pas mince !

— Méline, c’était un honnête homme ! soupira Henri de Brécé. Il faut lui rendre cette justice.

— C’était un patriote ! dit Joseph Lacrisse.