Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/158

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Henri Léon. Il y a la veulerie générale. Je veux vous rapporter à ce sujet une parole profonde du citoyen Bissolo. C’était quand nous organisions, avec les antisémites, des manifestations spontanées contre Loubet. Nos bandes traversaient les boulevards en criant : « Panama ! démission ! Vive l’armée ! » C’était superbe ! Le petit Ponthieu et les deux fils du général Decuir tenaient la tête, huit reflets au chapeau, un œillet blanc à la boutonnière, à la main une badine à pomme d’or. Et les meilleurs camelots de Paris formaient la colonne. On avait pu les choisir. Une bonne paye et pas de risques ! Ils auraient été bien fâchés de manquer une telle fête. Aussi quelles gueules, et quels poings, et quels gourdins !

» Une contre-manifestation ne tardait pas à se produire. Des bandes moins nombreuses et moins brillantes que les nôtres, aguerries cependant et résolues, s’avançaient à l’encontre de nous, aux cris de « Vive la