Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lité de ces intrigues et de ces manœuvres prodigieuses d’audace et d’ineptie, et je conçois que le public, distrait et mal averti, ait refusé d’y croire, alors même qu’elles étaient divulguées.

» Et pourtant il est bien vrai qu’au fond d’un couloir de ministère, sur trente mètres carrés de parquet ciré, quelques bureaucrates à képi, les uns paresseux et fourbes, les autres agités et turbulents, ont, par leur paperasserie perfide et frauduleuse, trahi la justice et trompé tout un grand peuple. Mais si cette affaire qui fut surtout l’affaire de Mercier et des bureaux, a révélé de vilaines mœurs, elle a suscité aussi de beaux caractères.

» Et dans ce bureau même il se trouva un homme qui ne ressemblait nullement à ceux-là. Il avait l’esprit lucide, avec de la finesse et de l’étendue, le caractère grand, une âme patiente, largement humaine, d’une invincible douceur. Il passait avec raison pour un des officiers les plus intelligents de l’armée.