Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/198

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ses oreilles et offensât la juste fierté de son cœur. Loin de le plaindre, je dirai qu’il fut heureux, heureux parce qu’au jour soudain de l’épreuve il se trouva prêt et n’eut point de faiblesse, heureux parce que des circonstances inattendues lui ont permis de donner la mesure de sa grande âme, heureux parce qu’il se montra honnête homme avec héroïsme et simplicité, heureux parce qu’il est un exemple aux soldats et aux citoyens. La pitié, il faut la garder à ceux qui ont failli. Au colonel Picquart on ne doit donner que de l’admiration. »


M. Bergeret, ayant achevé sa lecture, plia son journal. La statue de Marguerite de Navarre était toute rose. Au couchant, le ciel, dur et splendide, se revêtait, comme d’une armure, d’un réseau de nuages pareils à des lames de cuivre rouge.