Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/210

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République, où la puissance des ministres résultait de leur entente avec les ennemis des institutions dont ils avaient la garde ; temps de brutalité et d’hypocrisie où le mépris de l’intelligence et la haine de la justice étaient à la fois une opinion populaire et une doctrine d’État, où les pouvoirs publics protégeaient les porteurs de matraque, où c’était un délit de crier « Vive la République ! » Ces temps sont déjà loin de nous, comme descendus dans un passé profond, plongés dans l’ombre des âges barbares.

» Ils peuvent revenir ; nous n’en sommes séparés encore par rien de solide, ni même rien d’apparent et de distinct. Ils se sont évanouis comme les nuages de l’erreur qui les avait formés. Le moindre souffle peut encore ramener ces ombres. Mais quand tout conspirerait à vous fortifier, vous n’en êtes pas moins irrémédiablement perdus. Vous êtes vaincus par le dedans, et c’est la défaite