Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/214

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patron soucieux du bien-être physique et moral de ses ouvriers. Il leur distribue des médicaments, et veille à ce qu’ils aillent le dimanche à la messe, à ce qu’ils envoient leurs enfants aux écoles congréganistes, à ce qu’ils votent bien et à ce qu’ils ne se syndiquent pas. Malheureusement, il est combattu par le député Cottard et mal soutenu par le sous-préfet de Valcombe. Son fils Gustave est un des membres les plus actifs et les plus intelligents de mon Comité départemental. Il a mené avec énergie la campagne antisémite dans notre ville et il s’est fait arrêter en manifestant, à Auteuil, contre Loubet. Vous ne refuserez pas, mon cher président, une préfecture à Gustave Dellion.

— Une préfecture !… murmura Brécé en feuilletant le registre des fonctionnaires. Une préfecture… Nous n’avons plus que Guéret et Draguignan. Voulez-vous Guéret ?

Joseph Lacrisse sourit à peine et dit :

— Mon cher président, Gustave Dellion