Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/218

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trône de ses pères. Avant de récompenser les dévouements gratuits, un bon roi paye les services qu’on lui vend. N’en doutez point. Les plus grands honneurs et les emplois les plus fructueux seront pour les républicains. Les ralliés fourniront à eux seuls le tiers de notre personnel politique et passeront avant nous à la caisse. Et ce sera justice. Gromance, le vieux chouan rallié à la république de Méline, explique sa situation avec lucidité quand il nous dit : « Vous me faites perdre un siège au Sénat. Vous me devez un siège à la pairie. » Il l’aura. Et après tout il le mérite. Mais la part des ralliés sera petite à côté de celle des républicains fidèles qui n’auront trahi qu’à la minute suprême. C’est à ceux-là qu’iront les portefeuilles et les habits brodés, et les titres et les dotations. Nos premiers ministres et la moitié des pairs de France, savez-vous où ils sont pour le moment ? Ne les cherchez ni dans nos Comités, où