Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/228

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jolie voix. Mais il manquait ses entrées. Et René Chartier lui jetait des regards furieux.

— Vous n’êtes pas à votre place, duchesse, dit Largillière.

— Ah ! pour ça non, répondit la duchesse. Amer, René Chartier s’approcha du petit Bonmont et lui dit à l’oreille :

— Je vous en prie, ne donnez plus de cocktails à la duchesse. Elle fera tout manquer.

Largillière se plaignait aussi. Les masses chorales étaient confuses et ne se dessinaient pas. Pourtant on avait attaqué le « trois ».

— Monsieur Lacrisse, vous n’êtes pas en place.

Joseph Lacrisse n’était pas en place. Et il convient de dire que ce n’était pas de sa faute. Madame de Bonmont l’attirait sans cesse dans les petits coins et lui murmurait :

— Dites-moi que vous m’aimez toujours. Si vous ne m’aimiez plus, je sens que j’en mourrais.