Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/277

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les amies nouvelles, épiait leurs regards, s’étudiait à deviner leurs préférences et prenait soin de ne les faire asseoir que là où elles voulaient être assises. Les plus pudiques allaient droit au petit canapé bleu et posaient leur main gantée sur le col de cygne. Il y avait même un haut fauteuil de velours de Gênes et de bois doré, trône autrefois d’une duchesse de Modène et de Parme, qui était pour les orgueilleuses. Les Parisiennes s’asseyaient tranquillement dans le canapé de beauvais. Les princesses étrangères marchaient d’ordinaire vers l’un ou l’autre sofa. Grâce à cette disposition judicieuse des meubles de conversation, Panneton savait tout de suite ce qui lui restait à faire. Il était en état de garder toutes les convenances, averti de ne point tenter des passages trop brusques dans la succession nécessaire de ses attitudes, et aussi d’éviter à la visiteuse comme à lui-même des stations longues et inutiles entre les politesses