Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/350

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lade, défiant, en laissera les trois quarts dans la fiole. Agitez, messieurs, agitez.

— Qu’est-ce que je vous disais ! s’écria le jeune de Cadde.

— Agiter, c’est facile à dire. Encore faut-il le faire à propos. Sans quoi on risque de mécontenter l’électeur, objecta Lacrisse.

— Oh ! dit Léon, si vous songez à votre réélection !…

— Qui vous dit que j’y songe ? Je n’y songe pas.

— Vous avez raison, il ne faut pas prévoir les malheurs de si loin.

— Comment ? les malheurs ! Vous croyez que mes électeurs changeront ?

— Je crains, au contraire, qu’ils ne changent pas. Ils étaient mécontents, et ils vous ont élu. Ils seront mécontents encore dans quatre ans. Et cette fois ce sera de vous… Voulez-vous un conseil, Lacrisse ?

— Donnez toujours.