Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/361

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— Mon cher conseiller, décidément, faisons-nous quelque chose le 14 Juillet ?

— Le Conseil, répondit gravement Lacrisse, ne peut pas organiser un mouvement d’opinion. Ce n’est pas dans ses attributions ; mais si des manifestations spontanées se produisent…

— Le temps presse, le péril grandit, répliqua Chassons des Aigues, qui s’attendait à être exécuté à son cercle, et contre qui une plainte en escroquerie était déposée au Parquet. Il faut agir.

— Ne vous énervez pas, dit Lacrisse. Nous sommes le nombre et nous avons l’argent.

— Nous avons l’argent, répéta Chassons des Aigues, pensif.

— Avec le nombre et l’argent, on fait les élections, poursuivit Lacrisse. Dans vingt mois, nous prendrons le pouvoir, et nous le garderons vingt ans.

— Oui, mais d’ici là… soupira Chassons des Aigues, dont les yeux arrondis regar-